Vous le savez, je suis membre de la mission d’information « Faciliter l’accès aux services publics : restaurer le lien de confiance entre les administrations et les administrés ».
Le 28 mai dernier, nous avons accueilli Marie-Vic Ozouf-Marignier, géographe, directrice d’études à l’EHESS, pour évoquer la place des services publics dans les « cahiers de doléances » qui ont été ouverts dans les mairies entre décembre 2018 et mars 2019. Il s’agissait de donner la parole aux habitants de nos territoires dans le contexte de la crise dite des Gilets jaunes.
Or parmi les sujets abordés par nos concitoyens qui se sont ainsi adressés aux plus hautes autorités de l’État, l’accès aux services publics, plus particulièrement dans les communes rurales, a été régulièrement cité.
J’ai souhaité intervenir pour dire que ces cahiers de doléances me semblent constituer un cri. D’où qu’il provienne, c’est un cri de ras-le-bol, une manière de dire « ça suffit, on veut autre chose ». Et derrière ce cri, il y a une pensée structurée. Ce n’est pas un simple cri de révolte.
« Quand vous évoquez les services publics, je pense à La Poste, qui possède, sur tout le territoire hexagonal, la couverture la plus dense en termes de points de contact. Personne n’est isolé – qu’on vive dans l’arrière-pays, dans une petite cité ou dans une ville moyenne. Certains départements ont été précurseurs. Dans l’Aude, d’où je viens, nous avons été les premiers à établir un schéma d’organisation des services publics. C’était il y a une quinzaine d’années, sur l’initiative d’André Viola, alors président du conseil départemental. Ce type d’initiative existe donc, mais à un moment donné, la coordination s’est perdue. Et aujourd’hui, l’aménagement du territoire, on n’en parle presque plus. On parlait autrefois de « déménagement du territoire »… »
Extrait de l’audition
Nous avons trop souvent oublié l’essentiel : l’accès aux services publics. Les départements géraient à l’origine les routes. Grâce à cela, des désenclavements ont eu lieu, y compris en outre-mer. Il faudrait aussi désenclaver notre manière d’aborder les politiques publiques.
« Vous avez évoqué la fracture numérique. Les départements et les communes ont su mettre à disposition des tablettes ou des dispositifs pour pallier ces difficultés, mais il subsiste un phénomène : l’illectronisme, c’est-à-dire la difficulté à utiliser les outils numériques. C’est une forme d’illettrisme moderne, qui nous interroge. »
Extrait de l’audition
Votre travail nous replace au coeur du sujet. À mon sens, les cahiers de doléances sont un cri, sans lien direct avec les Gilets jaunes.