Je suis intervenue ce matin en séance pour interroger le Gouvernement sur la situation des guides-conférenciers. Une réforme récente soulève en effet la question de la déréglementation de cette profession, impactant ainsi au bas mot une trentaine de guide-conférenciers pour ce qui concerne notre territoire audois.
Pour le département de l’Aude, le tourisme est un axe fort du développement économique. Il est historiquement très étroitement lié à la mise en exergue du patrimoine audois, et c’est ainsi que les guides-conférenciers sont un élément de prime importance pour sa mise en valeur.
La formation universitaire pour accéder au métier de guide conférencier est un gage de qualité. Cette formation dispense une approche technique du métier qui en garantit sa spécificité. Une telle formation aboutit à la délivrance d’une carte professionnelle dont seule l’obtention permet l’exercice du métier de guide.
La loi du 20 décembre 2014 relative à la simplification de la vie des entreprises, et en particulier son article 10, a remplacé certains régimes d’autorisation préalable par des régimes déclaratifs. Ce système déclaratif permettra ainsi à toute personne désirant conduire des visites guidées de le faire sans diplôme spécifique, soit sans garantie ni contrôle des compétences. Ainsi, un accompagnateur pourra mener sa visite guidée au sein de la magnifique cité de Carcassonne, classée au patrimoine mondial de l’humanité, sans avoir à prouver ses connaissances sur le patrimoine audois !
Cette loi de simplification vise également à simplifier les dispositifs de droits de paroles pour les guides étrangers (certes membres de l’union européenne seulement, mais sans valeur de réciprocité). En conséquences, aucun contrôle de qualité ne pourra être mis en place pour s’assurer de l’exactitude de leurs propos !
Quel dommage pour notre patrimoine ! Et quel contresens lorsque l’on sait notre investissement pour voir classer les châteaux Cathares au patrimoine mondial de l’Humanité !
Dans l’Aude, le tourisme doit rester une affaire de qualité. Pourtant l’effet d’aubaine crée par ce texte aura des conséquences dommageables pour la profession et, a fortiori, pour les acteurs touristiques locaux qui s’en trouveront affaiblis.
« Affaibli » est le terme adéquate. Rappelons que la profession de guide-conférencier est déjà soumise à une grande précarité due à la saisonnalité de son activité, mais également à sa nécessaire organisation autour du travail à la vacation ou à la prestation. Rappelons enfin que la plupart des guides-conférenciers sont des travailleurs indépendants qui contribuent à l’essor économique de notre territoire grâce à leur activité d’entrepreneur.
Cette ouverture de la profession à la concurrence et à la compétitivité menace donc clairement la profession. C’est pourquoi j’ai souhaité connaître les intentions exactes du Gouvernement quant à l’exercice de la profession : quel sera le contenu des ordonnances, quelles modalités de contrôle et de sanctions, quels aménagements ?
C’est Thierry Braillard, secrétaire d’État en charge des Sports, qui a répondu pour le Gouvernement, annonçant que le régime d’autorisation serait conservé pendant un certain temps, et qu’un groupe de travail sur les métiers du guidage serait prochainement mis en place.
Je salue cette volonté de concertation avec les associations de guides-conférenciers mais je tiens à rappeler toute ma vigilance sur cette question. Car c’est la spécificité de notre identité culturelle qui est en jeu.