Dans le cadre du groupe de suivi sur le Brexit et la refondation de l’Union européenne auquel j’appartiens au Sénat, nous avons effectué un déplacement du 1er au 4 juillet en Irlande et au Royaume-Uni.
Le sujet du Brexit est au premier plan de l’actualité, à la fois au Royaume-Uni mais aussi au sein de l’actualité européenne. En effet, suite au vote du Brexit il y a plus de 2 ans, les négociations concernant le retrait du Royaume Uni sont extrêmement difficiles.
Ce déplacement s’est donc effectué alors que Theresa May est sur le point de finaliser la position britannique sur les relations futures avec l’UE, appelé le « livre blanc ». D’ailleurs, Mme May aborde ces discussions majeures alors qu’elle se trouve dans une situation de grande faiblesse politique, suite à la démission du Ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson, ancien maire de Londres et militant de pro-Brexit et celle de David Davis ministre chargé du Brexit.
Au cours de ce déplacement, nous avons donc rencontré de nombreux acteurs politiques, mais aussi des chefs d’entreprises, des avocats, des universitaires, des représentants associatifs. Plusieurs sujets ont été abordés au cours de ces différents entretiens.
Tout d’abord, il a été question du statut de l’Irlande du Nord vis-à-vis de l’Union européenne suite au Brexit. A Dublin, nous avons notamment rencontré M.Mary Lou McDonald, député et leader du Sinn, qui est le deuxième parti politique en Irlande du Nord. C’est un parti pro-européen qui souhaite obtenir un statut spécial pour l’Irlande du Nord vis-à-vis de l’UE. Pour l’Irlande et pour l’Irlande du Nord, le retour d’une frontière physique entre le nord et le sud aurait des conséquences économiques importantes. Je fais ici référence aux liens économiques étroits qui unissent le Royaume-Uni et l’Irlande. Le Royaume Uni est en effet le deuxième partenaire commercial de l’Irlande. De plus, le rétablissement d’une frontière physique fragiliserait énormément l’accord de paix de 1998 dit « Accord du Vendredi Saint » conclu entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Ces raisons font que l’absence de frontière physique entre l’Irlande du Nord et l’Irlande est pour l’Union européenne un des sujets prioritaires de l’accord de retrait. C’est à ce jour encore un point de blocage extrêmement important qui n’a toujours pas été réglé.
De plus, avec le Brexit, la question d’une réunification de l’Irlande ressurgit dans les esprits. En effet, contrairement à l’Ecosse qui s’est prononcée contre le Brexit, l’Irlande du Nord a voté à 56% pour le maintien au sein de l’UE. Il faudrait qu’un référendum à ce sujet ait lieu. Organiser une telle consultation revient au Ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, donc au gouvernement britannique. En pratique, cela n’est donc pas à l’agenda.
A Londres, enfin, nous avons rencontré différentes associations comme « Best for Britain », ou « Open Britain » qui se battent pour qu’un nouveau référendum sur l’appartenance à l’Union européenne ait lieu, ou du moins pour certaines, qui se battent pour éviter un Brexit trop dur. Un Brexit soft passerait notamment par le maintien du Royaume Uni dans l’union douanière.
Les négociations semblent donc loin d’être terminées concernant les relations futures entre le Royaume Uni et le Brexit, et cela alors que May vient d’annoncer qu’elle dirigera désormais ces négocations, assistée par le nouveau ministre du Brexit, Dominic Raab.