Vers une reconnaissance de la Palestine ? J’interroge le gouvernement

Hier, lors de la séance des questions au gouvernement qui s’est tenue au Sénat, j’ai souhaité interroger le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur la reconnaissance d’un État palestinien par la France lors de la conférence internationale co-organisée avec l’Arabie saoudite, qui se tiendra aux Nations Unies du 17 au 20 juin.

VERS UNE RECONNAISSANCE ?

Cette conférence nous est présentée comme une initiative diplomatique majeure. Elle semble malheureusement s’annoncer comme une énième impasse. Selon plusieurs sources diplomatiques, la France, tout comme le Royaume-Uni, ne défendrait plus une reconnaissance immédiate de l’État palestinien mais plutôt une reconnaissance conditionnée à une série d’engagements de la part des palestiniens.

POUR UN VRAI DÉBAT AU PARLEMENT

J’ai rappelé que 149 États avaient déjà reconnu l’État de Palestine, et ce sans condition. Pourquoi la France continue-t-elle de tergiverser ? Et surtout pourquoi le gouvernement refuse-t-il de débattre de sa position devant la représentation nationale, malgré les nombreuses demandes exprimées à l’Assemblée nationale comme au Sénat ?

Jean-Noël Barrot m’a répondu qu’il n’existait que deux chemins : celui d’un état de guerre permanent ou celui d’une solution politique.

Il a réaffirmé que la France défendait cette seconde voie et a insisté sur la nécessité de faire naître une dynamique collective à l’occasion de la conférence. Il a lié toute reconnaissance de l’État palestinien à des engagements clairs de l’Autorité palestinienne et des pays arabes.

NON, LA RECONNAISSANCE DE LA FRANCE NE SONNERAIT PAS CREUX.

« Nous sommes la patrie des droits de l’Homme, et notre parole a du poids ! Lorsqu’un pays comme l’Espagne reconnaît sans condition l’État palestinien, je ne comprends pas pourquoi nous, français, restons dans l’ambiguïté ».

Les souffrances du peuple palestinien n’ont pas commencé après le 7 octobre. Cela fait des années que les palestiniens meurent, que leurs droits fondamentaux sont bafoués.

« À ce rythme, si nous continuons à repousser cette reconnaissance sous prétexte de conditions irréalistes dans un calendrier aussi court, quand nous retournerons à Gaza, il n’y aura plus un seul palestinien et rien à reconnaître. Est-ce cela que nous voulons ? Certainement pas. Je refuse de m’y résigner. »

La France doit parler clairement, avec cohérence et courage. Elle doit cesser de rejeter ce qui relève aujourd’hui d’une responsabilité historique.