Pour ouvrir ses travaux, la mission d’information sur la gestion des risques climatiques et l’évolution de nos régimes d’indemnisation a fait appel à M. Robert Vautard, directeur de recherche au CNRS. Également coordinateur d’un des chapitres du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui sortira en 2021, son travail porte sur la quantification des aléas pour mieux prévenir les risques futurs liés au changement climatique. Mme Nicole Bonnefoy, la rapporteure, a été à l’initiative d’un certain nombre de questionnements : Quelles évolutions historiques des risques naturels observe-t-on en termes de fréquence et d’intensité ? Dans quelle mesure ces évolutions sont-elles causées par ou corrélées au changement climatique ? Quels sont alors les mécanismes scientifiques à l’œuvre ? Enfin, quant à l’avenir, qu’est-il d’ores et déjà possible d’anticiper ? Autant de questions nécessaires pour renseigner le législateur sur l’origine des catastrophes naturelles afin d’éclairer son action en matière d’indemnisation.
En se basant sur les rapports du GIEC, M. Vautard a rappelé que les perturbations climatiques liés au développement de l’activité humaine et à l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre (GES) ont contribué de façon significative au réchauffement climatique. Cette emprunte est non-négligeable, et participe de la recrudescence de grandes vagues de chaleur. Prenant l’exemple des phénomènes de pluie extrême et des inondations, il faut s’attendre à une augmentation du nombre mais aussi de l’intensité des catastrophes. Pour se prémunir des risques à venir, on ne peut se satisfaire des observations passées uniquement mais il faut également s’intéresser aux modélisations qui sont réalisées pour établir des prévisions. Il insiste également sur la nécessité de développer d’une part une meilleure communication entre les acteurs de la société civile, les industriels et les chercheurs ; et d’autre part une meilleure sensibilisation dans les manuels scolaires.
Aussi, s’il faut indemniser, il faut aussi prévenir et porter les changements pour anticiper les drames. Réduire les GES, c’est l’assurance de limiter les effets du réchauffement climatique. La seule façon d’y parvenir est de mobiliser l’ensemble de la société, ce que rappelle le dernier rapport du GIEC : une action individuelle n’a que peu de poids dans cet équilibre, aussi il faut s’organiser collectivement. Dans ce sens, construire des capacités d’adaptation (en termes d’infrastructures par exemple) permet d’améliorer la résilience à ces phénomènes. Les régions méditerranéennes sont en première ligne des problèmes de ressources en eau tant pour l’agriculture que pour l’énergie. Plus largement, les régions du Sud de la France seront exposées à davantage d’aléas que le Nord de la France, tout comme les régions de montagne, pour d’autres raisons. Dans la prévision de modèles, les chercheurs travaillent sur des scénarios avec ou sans prise en compte des politiques climatiques. C’est pourquoi le scénario le plus ambitieux en termes d’actions menées, notamment en matière de géo-ingénierie par en retirant directement du CO2 de l’atmosphère, nous conduit à un climat d’environ 1,5°C plus chaud qu’aujourd’hui.