Conférence européenne interparlementaire sur l’espace

À l’initiative conjointe des présidents des commissions des finances, des affaires européennes, des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et des affaires économiques, le Sénat a présidé et accueilli en 2022 la Conférence européenne interparlementaire sur l’espace (EISC). 

La session plénière a été organisée le vendredi 16 septembre 2022, au Sénat. Trois tables rondes se sont déroulées lors de cette journée : la première, en début de matinée, portait sur « L’autonomie stratégique européenne pour garantir un accès durable à l’espace» ; la deuxième, en fin de matinée, avait pour thème : « Le développement du « New space » pour garantir des usages plus durables de l’espace». La troisième table ronde, qui s’est tenue en début d’après-midi, a traité de « La lutte contre la pollution spatiale pour garantir des usages plus durables de l’espace ».

Ces tables rondes ont été suivies de l’adoption de la déclaration commune de l’EISC 2022 et de la remise des prix du Space for Sustainability Award 2020 et 2022.

J’ai été très heureuse d’introduire la deuxième table ronde, consacrée au « new space », au nom de la commission des affaires étrangères et de la défense.

Le new space est central dans notre réflexion. Il a des prolongements tant en matière d’autonomie stratégique que de durabilité des activités spatiales, sujets de nos deux autres tables rondes. 

Il nous oblige, nous Européens, à assimiler une culture nouvelle, étrangère à nos modes de pensée et de fonctionnement traditionnels.

Je ne m’aventurerai pas à vous livrer une définition de ce qu’est le « new space »…  Nos trois intervenants le feront mieux que moi. Cette notion, qui fait désormais figure d’évidence, ou de « prêt à penser » rassurant, est difficilement traduisible en français. Or ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement… 

Le new spacerecouvre à tout le moins une transformation profonde du modèle économique, industriel et technologique du secteur spatial, dans toutes ses composantes amont et aval. La multiplication des acteurs privés conduit à une reconfiguration des rôles et des relations avec la puissance publique. La réduction drastique des coûts du secteur spatial remet en cause la compétitivité de l’Europe, avec de possibles conséquences en termes économiques mais aussi en termes stratégiques et de souveraineté. 

Désormais, l’espace n’est plus réservé à quelques nations leaders ; il est convoité par de multiples acteurs, États et entreprises, ce dont nous n’avons probablement pas encore observé toutes les conséquences sur les grands équilibres mondiaux.

Dès lors, ce qui a marché aux États-Unis peut-il fonctionner sur notre continent, dans un contexte économique, institutionnel et culturel différent ?

L’Europe ne vit pas seulement sur ses acquis ; elle a aussi amorcé un tournant salvateur. Les initiatives se multiplient. L’Union européenne est désormais partie prenante de l’économie du spatial. 

Il s’agit désormais de tirer parti de l’européanisation croissante de la politique spatiale pour réduire les coûts, innover davantage, sans tomber dans les pièges de la complexification et de l’opposition stérile, voire périlleuse, entre intérêts nationaux. 

Dans ce contexte, le rôle de la puissance publique ne saurait se réduire à organiser le financement d’initiatives privées. Celle-ci doit s’adapter, mais son rôle est loin d’être invalidé, comme le montre d’ailleurs le cas américain, la NASA étant au cœur du développement des écosystèmes du new space.

La banalisation de l’accès à l’espace, la compétition stratégique accrue dont ce milieu, dépourvu de frontières, est l’objet, impliquent un effort d’organisation et de régulation qui ne peut relever que de la sphère publique et de la coopération internationale.

Il revient à l’État et, de manière générale, à la puissance publique, de garantir la prise en compte du long terme dans tous les domaines de la recherche et de l’économie du spatial. 

Pour débattre de ces questions cruciales, trois intervenants de cette table ronde : MM. Alain Wagner, Xavier Pasco et Nicolas Capet. 

Leurs visions nous intéressent d’autant plus qu’elles seront complémentaires : ils représentent en effet respectivement l’industrie historique établie, la recherche, et les jeunes entreprises du secteur spatial qui se multiplient pour tirer parti des opportunités qu’offre le new space.

Retrouvez la captation vidéo de cette table ronde ici.