S’il est un constat que tous les acteurs du territoire d’Occitanie partagent, c’est l’enclavement de notre territoire.
Oui, face à l’absence de liaison aérienne entre Carcassonne et la capitale parisienne, le « meilleur » temps de trajet ferroviaire est en effet de 5 heures et 15 minutes…
Vous me direz, « Toulouse a un aéroporte ! ». Avez-vous déjà fait Carcassonne Blagnac aux heures de pointe ? Plus de 2h ! voire 3 ! Sans compter le temps des formalités de vol à Blagnac. Il faut partir 5h avant de Carcassonne !
Ce n’est un secret pour personne, la connexion aux centres de décision économique conditionne l’attractivité du territoire pour la création d’entreprises, l’implantation de filiales, et également bien sûr pour le tourisme.
Oui l’Aude est liée au bassin parisien pour l’alimentation de l’économie touristique : Cité, châteaux cathares, littoral, arrière-pays. Nous ambitionnons de plus le développement d’un tourisme qualitatif, durable, fluvial, gastronomique, également le développement de l’oeno-tourisme… et la région parisienne est une cible importante pour tous ces axes de développement indispensables.
Ce projet de liaison aérienne Carcassonne-Paris répond donc à un besoin stratégique du territoire audois et plus largement occitan, et à une attente forte de ses habitants et de ses élus.
Il a fait l’objet d’une délibération de la région Occitanie en juin 2020, fait également partie intégrante des perspectives du projet Cœur d’Occitanie (porté par la chambre du commerce et de l’industrie). Il a, depuis, été transmis au service de la direction générale de l’aviation civile qui l’a validé en janvier 2022 comme obligation de service public.
Le 12 octobre dernier, j’ai été aimablement reçue au cabinet du Ministre des transports pour plaider l’opportunité de cette ligne et montrer que l’ensemble des acteurs du territoire, politiques comme économiques, était plus que jamais mobilisé.
Le cabinet du Ministre devait relancer l’instruction du projet par ses services et ceux de la Commission européenne. Rendez-vous a été pris à court terme pour connaître l’évolution du dossier. Je souhaite donc savoir où en est le Ministre ? quelles mesures qu’il entend prendre ? si parmi elles se trouve la signature du décret soumettant la ligne aérienne à une obligation de service public ? et dans quels délais ?
Voilà les questions que j’ai posées au gouvernement ce matin en séance au Sénat. Quelles réponses m’ont été apportées?
La ministre présente (Dominique Faure), a rappelé le continu du règlement européen n°1008/2008du 24 sept 2008 qui régit le marché libéralisé des services aériens en Europe, et permet aux États membres d’introduire des OSP dans le
cadre d’une liaison vers un aéroport desservant une zone périphérique, ou de
développement, ou dans le cas d’une liaison à faible trafic obéissant à certains critères.
Avant toute publication d’OSP, la commission surveille notamment :
-Le respect des lignes directrices interprétatives du règlement, notamment le
caractère vitalde la liaison concernée pour le développement économique et
social de la région desservie.
-La proportionnalité avec les besoins de développement économique et social.
-L’insuffisance d’autres modes de transports.
-Et l’existence d’alternatives de transports aériens (notamment sur des aéroports
situésàmoins de 100km ou 1h de trajet routier).
La région Occitanie a demandé, en avril 2020, au ministre de la transition écologique,
l’édiction d’OSP sur les services aériens réguliers entre Carcassonne et Paris-Orly. La
vérification du respect des critères minimaux définis dans le règlement européen est
relatif au caractère vital pour le développement économique et social de la région, ainsi
qu’àl’absence de moyen de transports alternatifs comparables est en cours.
De premiers compléments d’information ont été apportés en octobre 2021 par la région Occitanie, notamment sur les temps de trajet avec les aéroports proches de Carcassonne reliant déjà la capitale tels que ceux de Toulouse, Montpellier, Perpignan ou encore Castres dont la liaison avec Paris est déjà placée sous OSP. La proportionnalité entre la demande de transport estimée et le nombre de fréquences souhaitées par les collectivités locales fait l’objet de questions complémentaires. Si une enquête a été lancée au premier trimestre 2022 par la région Occitanie, auprès du tissu économique local pour objectiver le dimensionnement du service, les services de la direction générales de l’aviation civile n’ont pas encore eu communication des résultats de cette étude. La démonstration à faire de cette proportionnalité est importante dans le contexte occitan, dans la mesure où la région compte actuellement 3 liaisons d’aménagement du territoire financées par des fonds publics : Paris–Rodez, Paris–Castres, Paris–Tarbes. En outre, l’aéroport de Toulouse, bien que situé à plus d’1h de route en heure de pointe, propose des vols très fréquents vers Paris, grâce notamment à la navette Air-France. »
Vous l’aurez compris, une réponse qui n’est pas satisfaisante…