Comment les élus locaux perçoivent-ils l’Union européenne ?

J’ai souhaité partager avec vous l’analyse des résultats de la consultation sénatoriale des élus locaux sur l’avenir de l’Europe. Près de 1 785 élus locaux ont répondu au questionnaire.

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Quels sont les principaux enseignements ?

1.Une perception partagée de l’UE : une institution considérée comme lointaine et bureaucratique…

Les élus locaux interrogés se montrent partagés dans leur perception de l’UE. Ils en ont globalement une opinion davantage positive (45%) que négative (23%), mais un grand nombre n’arrive pas à se situer (32%). Surtout, on remarque que très peu en ont une opinion très positive ou très négative. Ce sentiment n’est pas spécifique aux élus, les Français ayant une perception relativement proche (41% en ont une image positive, 21% une image négative et 38% ayant du mal à se situer).

2. Un sentiment d’éloignement alimenté par une UE peu présente au quotidien

Dans leur action au quotidien, une grande majorité des élus locaux ont le sentiment que l’UE n’est pas présente. Seul un sur cinq estime qu’elle l’est. Chez ces derniers, trois domaines de présence européenne émerge : le développement économique, l’environnement et la politique de pêche et d’agriculture.

La présence de l’UE étant assez difficile à percevoir au quotidien pour les élus locaux, plus de 8 sur 10 ne donnent pas de réponse quand on leur demande les projets qui n’auraient pas pu se faire sans l’UE. De même, quand on leur demande des exemples d’action locales où ils auraient pu être plus ou mieux accompagnés par l’UE, 73% n’ont pas donné de réponse. Ceci témoigne de nouveau de la difficulté à lier l’action de l’UE avec les problématiques des élus locaux.

 Peu présente, l’UE n’est pas pour autant une source de difficultés : moins d’un élu sur cinq (18%) a rencontré des difficultés imputables à l’UE. L’UE n’est donc pas considérée comme une source de nuisances, mais bien avant tout comme une institution éloignée de la réalité du terrain des élus locaux.

3. A cet égard, les élus locaux sont en demande d’une plus grande présence européenne dans leur action quotidienne

S’ils ont du mal à situer l’action de l’UE dans leur quotidien, une majorité d’élus locaux (65%) souhaiterait que cette dernière soit plus présente, notamment sur deux sujets : l’environnement (55%) et le développement économique (41%). Ce soutien est souvent évoqué sous la forme d’un accompagnement, notamment financier.

Cependant on remarque qu’il peut aussi prendre des formes différentes en fonction du domaine pour lequel les élus locaux souhaiteraient une présence plus importante de l’UE. Ainsi, sur l’écologie, de nombreux élus souhaitent voir une implication réglementaire de l’UE, afin d’adapter les normes et les règlements. Sur le développement économique, beaucoup espèrent un soutien aux entreprises tandis que dans le domaine de l’énergie, on voit le souhait qu’émerge un cadre européen ainsi qu’une stratégie commune.

4. Un avenir de l’Union européenne qui semble difficile à percevoir…

Concernant leurs attentes vis-à-vis de l’avenir de l’UE, les élus locaux sont surtout intéressés par des réformes dans l’organisation et le fonctionnement del’UE, davantage que dans des actions sur des domaines particuliers.

Ces réformes portent sur différents domaines mais ont souvent pour souhait davantage de cohésion entre les différents Etats, afin notamment d’éviter les écarts fiscaux et sociaux. Cette uniformisation n’est pas forcément synonyme d’un écrasement des particularités nationales mais plutôt d’un refus d’uneconcurrence déloyale entre Etats européens.

Les élus souhaiteraient aussi une plus grande proximité de l’UE. Cette proximité n’est pas conçue uniquement comme une potentielle aide mais aussi comme une prise en compte des citoyens et des territoires. Les élus locaux souhaitent pouvoir échanger plus facilement avec des représentants européens, et souhaitent que les démarches d’obtention d’aides de l’UE soient simplifiées.