En 2015, l’Arabie saoudite pouvait à bon droit faire figure de pays le plus
rétrograde du monde. On y décapitait les criminels, les femmes n’avaient pas le droit
de conduire, la société semblait étouffer dans un écheveau de prescriptions et
d’interdits religieux absurdes, inspirés par une lecture fondamentaliste de l’islam,
sous la férule de dirigeants toujours plus âgés.
Moins de dix ans plus tard, sous l’impulsion de son jeune prince héritier
Mohammed ben Salmane, et même si le pays n’est clairement pas devenu la patrie
des droits de l’Homme, il se projette dans l’avenir avec confiance, engagé dans un
vaste plan de transformation de son économie, de sa société, et même de son histoire.
Ces transformations ont une influence profonde sur la manière dont ce pays
pense sa place dans la région et dans le monde. Il convient donc d’en tirer les
conséquences pour la relation franco-saoudienne, ainsi que sur le devenir d’un
Moyen-Orient dont l’Arabie saoudite est plus que jamais le pivot.
Nous nous sommes rendues dans ce pays en juin dernier afin de mieux
comprendre ces changements. Nous avons notamment visité la ville d’al-Ula, foyer
de la coopération franco-saoudienne en même temps que témoin des transformations
du pays, et rencontré de nombreux dirigeants politiques, chercheurs, directeurs
d’agences d’État.
Ces échanges nous ont convaincues de l’importance de ce qui se joue en Arabie saoudite, pour le pays, pour la région et pour la relation bilatérale.
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