Les défis européens du nouveau gouvernement italien

Les élections parlementaires italiennes du 4 mars 2018 ont débouché, au terme d’une longue crise institutionnelle, sur la formation, en juin dernier, d’un gouvernement majoritairement composé de représentants de deux formations populistes : le Mouvement 5 étoiles et la Lega, héritière de l’ancienne Ligue du Nord. Les premiers pas de ce nouveau gouvernement ont été marqués par la volonté des deux partis de mettre en oeuvre un changement de paradigme, tant sur la scène intérieure qu’au niveau européen. La présentation en octobre du projet de loi de finances pour 2019 est venue éclairer cette stratégie disruptive.

C’est dans ce contexte qu’avec une délégation de la commission des affaires européennes, nous nous sommes rendues à Rome les 12 et 13 novembre derniers pour y rencontrer ses homologues nouvellement élus de la commission des politiques de l’Union européenne du Sénat de la République italienne. Il s’agissait en premier lieu de déterminer les lignes de convergence entre les deux commissions pour permettre à nos deux pays de mieux peser dans les débats en cours sur la refondation de l’Union européenne. Retrouvez l’intégralité de notre rapport d’information ici.

La volonté affichée du gouvernement italien de s’affranchir des règles européennes en matière budgétaire, le style quelque peu brutal employé sur la question des migrations, ou son appel à un profond renouvellement des institutions européennes ne doivent pas conduire l’Union européenne à marginaliser un de ses membres fondateurs. La communication utilisée ne saurait masquer un réel pragmatisme d’une partie de la nouvelle majorité, au sein de laquelle les rapports de force sont en pleine évolution.

La crise que traverse l’Union européenne à la suite du retrait annoncé du Royaume-Uni incite à maintenir un front uni afin de préparer son avenir. La question du budget italien apparaît, à cet égard, comme un véritable test. Sa gestion par la Commission européenne et le Conseil devra être suffisamment fine pour éviter de créer les conditions d’une nouvelle crise de confiance à l’égard de l’euro et d’une contagion, mais aussi de crisper complètement les autorités italiennes et les pousser à renforcer des partenariats en gestation avec des pays tiers, enclins à déstabiliser l’Union européenne.

Le maintien d’une relation forte entre la France et l’Italie, toute aussi amicale que franche, apparaît, dans ce contexte, indispensable. Il existe des lignes de convergence que les échanges avec la commission des politiques de l’Union européenne du Sénat de la République italienne ont bien montré, tant sur la promotion d’une Europe à plusieurs vitesses, respectueuse de la diversité de ses composantes, que sur un certain nombre de politiques, qu’il s’agisse de la politique agricole commune ou de celles visant à préparer l’avenir : la régulation des flux migratoires, l’accompagnement du développement du continent africain, ou l’affirmation de l’Union européenne comme un géant mondial dans le domaine de l’innovation.